Personnalités

Alphonse Barbot

Alphonse Barbot, le mécanicien qui deviendra député

Début 1920, Alphonse Barbot s’installe comme mécanicien à Romillé. Huit ans plus tard, il est élu député de la circonscription de Montfort-sur-Meu. Qui est donc cet artisan qui réussit à s’imposer devant un professionnel de la politique en 1928 et siégera à l’Assemblée jusqu’à son décès en 1939 ?

 

Alphonse Barbot est né à Montauban-de-Bretagne le 27 avril 1893. Son père, qui se prénomme aussi Alphonse, est mécanicien dans cette commune, rue de la Gare, et parfois déclaré constructeur de machines agricoles. Son atelier est relativement important puisqu’en 1911 par exemple, on y dénombre huit ouvriers : trois de ses enfants mécaniciens, deux charrons, deux forgerons et un ajusteur. La famille compte neuf enfants, dont deux meurent en bas-âge. Alphonse Barbot père décède en 1915, à l’âge de 57 ans et son épouse, Lucie Boursault, poursuit l’activité de son mari.

Ses études primaires achevées, Alphonse Barbot apprend son métier avec son père, ses frères et les autres compagnons de l’atelier. Bon pour le service, il est incorporé le 27 novembre 1913 au 2e dépôt des équipages de la Flotte où il est mobilisé. Nommé matelot de 1re classe le 10 janvier 1914, il est promu quartier-maître-mécanicien le 1er janvier 1917.  Pendant la guerre, il participe sur la « Jeanne d’Arc » aux opérations des Dardanelles, puis sert sur un sous-marin. Il est démobilisé le 31 août 1919.

Il se  marie à Romillé le 3 janvier 1920 avec Marie-Josèphe Colliaux, fille d’Alfred Colliaux, cordonnier dans notre commune, et sœur d’Alfred Colliaux d’abord cordonnier chez son père puis ensuite boulanger. Alphonse Barbot s’installe place de la mairie (près de l’actuelle boulangerie) comme constructeur-mécanicien. Il s’intègre aisément dans la commune de Romillé. C’est un artisan novateur et entreprenant : il répare le matériel, vend des moteurs et construit des batteuses. Il obtient une médaille de vermeil dans la section machines agricoles au comice agricole de Romillé en 1924 et est le premier à demander l’installation d’une pompe à essence devant chez lui le 5 avril 1925. En 1924, il intervient (modestement) dans les travaux de réparation de l’église incendiée. Selon la liste nominative des dénombrements de population, l’entreprise Barbot s’agrandit rapidement. Sont recensés à son domicile cinq ouvriers en 1926 et six ouvriers en 1931, mécaniciens ou charrons, habitant à Romillé. En revanche, en 1936, son entreprise n’est plus mentionnée et il ne figure plus dans le dénombrement que sous la dénomination de député.

 

En-tête d’une facture d’Alphonse Barbot en 1928 (archives municipales de Romillé)

C’est le 29 avril 1928 qu’il est élu député à la surprise générale, contre le député sortant Amand Le Douarec, mais il n’abandonne pas son métier pour autant, au moins durant ses deux premiers mandats. Aux journalistes parisiens qui viennent l’interviewer, il aime se présenter devant son atelier avec ses clients et ses ouvriers et à l’Assemblée Nationale, il saura se prévaloir à de nombreuses reprises de son expérience d’artisan mécanicien.

 

Alphonse Barbot décède le 14 septembre 1939. Son épouse, Marie-Joseph Colliaux, continue à résider à Romillé et décède le 10 novembre 1981 à l’âge de 83 ans. Leur fils unique, Alphonse Barbot, né en 1920, est docteur en médecine, radiologue,  et décède à Rennes en 2015.