Petit Patrimoine

Lavoir de la Houltais

Il y a 100 ans, la construction du lavoir de la Houltais

Les premiers bâtiments réservés exclusivement au lavage du linge sont apparus à la fin du XVIIème siècle, mais c’est surtout au cours du XIX ème siècle que les communes s’équipent de lavoirs lorsque se développent les principes d’hygiène et de salubrité publique. A cette époque, il est reconnu que l’insalubrité et les épidémies proviennent en particulier de l’utilisation indifférenciée des points d’eau, qui servent aussi bien pour l’abreuvement des animaux, le lavage du linge, prélever l’eau à boire. C’est pour cette raison qu’il a été décidé de séparer les différentes fonctions de l’eau et que sont apparus fontaines, abreuvoirs, lavoirs, ….

Principes de construction des lavoirs

Le lavoir se compose le plus souvent de deux bassins distincts de forme rectangulaire construits en enfilade pour séparer le lavage du rinçage. Le rinçoir plus petit, est situé à l’arrivée de l’eau, afin de rincer le linge dans une eau non salie. Ils sont entourés d’une margelle inclinée vers l’intérieur qui permet de poser le linge, comme sur une planche de lavage. Ce plan de travail, généralement bas oblige les femmes à travailler à genou, qui utilisent parfois une caisse remplie de paille ou un coussin pour diminuer l’inconfort de cette position.

Le lieu d’implantation résulte d’un compromis entre 3 contraintes : la présence d’eau avec un débit suffisant et une faible teneur en calcaire pour une meilleure dissolution du savon, l’existance  d’un terrain communal, la proximité des utilisatrices pour éviter un trajet long et pénible, de préférence à l’extérieur du village pour empêcher qu’il ne pollue les eaux pour les autres usages du quotidien.

La construction du lavoir de la Houltais

Le terrain retenu, de 2200 m², se situe à environ 500 mètres du centre du bourg. L’emplacement a été choisi par la municipalité à la suite de recherches faites pendant la sécheresse de 1921 celui-ci ayant «donné toutes satisfactions au sujet du débit et de la pureté des eaux provenant d’une fontaine ».

La vente est consentie en juin 1922 moyennant le prix principal de deux mille francs, frais, droits et honoraires non compris et la commune devra s’arranger avec le fermier, au sujet de la perte de jouissance que ce dernier éprouvera du fait de cette vente.

Le projet architectural

Le projet est dressé par Monsieur Pincemain, architecte et approuvé le 30 août 1922 par la sous-préfecture de Montfort-sur- Meu.

Préalablement, le conseil municipal du 18 juin 1922, avait approuvé le projet dans les termes suivants : «M. le président a ouvert la séance et présenté le projet de lavoir en ciment armé qui s’élève à la somme de 16 000 francs. Après en avoir délibéré, le conseil municipal approuve la proposition de son maire et vote une somme de 16 000 francs, inscrite au budget additionnel de 1922 et demande :

1° que M. Le préfet veuille bien accorder à la commune une subvention départementale aussi élevée que possible ;

2° que le projet soit approuvé ainsi que le marché de gré-à-gré passé avec M. Novello entrepreneur à Rennes, ces travaux nécessitant l’emploi d’un spécialiste.

Le bâtiment sera réalisé en ciment armé le long du cours d’eau. Il se compose de deux bassins juxtaposés, un rinçoir au nord de 4,00m sur 4,00 m intérieur et un lavoir dans le prolongement de 4,00m de largeur sur 8,00 m de longueur. Les bassins auront une profondeur de 0,60 m pour avoir une couche d’eau pure en surface suffisante pour rincer le linge. La margelle périphérique de 0,60 m de largeur permettra d’assurer la place à une vingtaine de personnes. Le bâtiment sera surmonté d’une toiture en ciment armé, débordant d’un mètre de chaque côté des dimensions du rinçoir et du lavoir pour protéger des intempéries. La toiture sera supportée par 8 piliers rectangulaires. Un mur en aggloméré de ciment sera construit sur les faces ouest et sud pour abriter des pluies pendant la saison d’hiver. Le sol sera recouvert d’un dallage en ciment. Ses dimensions extérieures seront de 15,70 mètres x 7,60 mètres.

Il sera alimenté à partir d’une conduite en ciment provenant de la fontaine située nord, une autre canalisation au sud permettra de vider les bassins pour leur nettoyage.

Le chantier est prévu durer 40 jours, avec un coût de journée de 12 francs (terrassier, rouleur, porteur, manœuvre, …). Le m3 de gravier ou petits déchets de carrière pour routes, y compris transport et emploi en remblai, est fixé à 15 francs. Les travaux de terrassement devront être exécutés avec la main d’oeuvre du pays.

La construction du lavoir est confiée à l’entreprise Novello fils, grande entreprise rennaise spécialiste des travaux en ciment, mosaïques et carrelages et béton armé. Ils seront réceptionnés le 14 décembre 1922, en présence d’Aristide Cutté, maire de Romillé. Le procès-verbal de réception définitive indique : «  nous avons reconnu que les travaux satisfont aux conditions du devis et se trouvent en bon état d’entretien. En conséquence, le délai de garantie étant expiré, nous déclarons qu’il y a lieu d’en accorder la réception définitive   ».

Ce petit patrimoine, témoin d’un époque et d’une pratique collective disparue, permet de transmettre l’histoire des hommes qui l’ont créé et utilisé. Il possède une valeur historique indépendament de sa valeur architecturale et intérroge sur la place à donner dans la ville actuelle à ces édifices témoins d’une époque et d’une pratique collective disparue, pour qu’ils continuent à persister dans le temps.

  

 

Légende photo : femmes se désaltérant au lavoir dans les années ???